
ENTRE SANATORIOS Y BACKROOMS
Matías García aka MANTO
mémoire de Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique
option art
sous la direction de Madeleine Aktypi
ebabx – école supérieure des beaux-arts de Bordeaux 2025-2026
Español
¿Qué carajo es esto? Tal vez un intento de entender de dónde vengo, o de dónde nunca me fui del todo. Un viaje caótico donde la identidad se estira como un hilo entre dos orillas; un eco de lo que fui y de lo que soy, entre Francia y Argentina.
Una dicotomía entre pasillos de hospitales y sótanos húmedos de deseo; entre ambulancias y montadas, entre diagnósticos y leche, entre chatas y fiesta.
Este libro no busca redención, ni respuestas, ni explicar nada. Es una historia hecha de fragmentos, de voces rotas y cuerpos que resisten; de amores fugaces y de una madre enferma que se volvió espejo y frontera.
Crecí en la noche de Buenos Aires, y en la música de los antros donde aprendí a ser libre. Me fui de Argentina muy pendeja con el corazón en la mano, y después de ocho años al tener que volver inesperadamente, entendí que la patria se lleva adentro, como una astilla que no sale nunca.
Entre sanatorios y backrooms es eso: una carta de amor y rabia. A mi vieja, a mis putxs, a la ciudad que me parió y me expulsó, y a todas las locas que alguna vez encontraron refugio en la noche. Porque si algo aprendí, es que en los márgenes también florece la vida.
Francés
¿Qué carajo es esto?¹ Peut-être une tentative de comprendre d’où je viens, ou d’où je ne suis jamais vraiment partie. Un voyage chaotique où l’identité s’étire comme un fil entre deux rives ; un écho entre ce que j’ai été et ce que je suis désormais, entre la France et l’Argentine.
Une dichotomie entre les couloirs d’hôpitaux et les sous-sols moites du désir ; entre les ambulances et les montadas², entre les diagnostics et le foutre, entre les chatas³ et la fête.
Ce livre n’attend ni rédemption, ni réponses, ni vérité. Il se compose de fragments, de voix brisées et de corps qui résistent ; d’amours éphémères et d’une mère malade devenue à la fois miroir et frontière.
J’ai grandi dans la nuit de Buenos Aires, bercé·e par la musique des antros⁴ où j’ai appris à être libre. Partie trop pendeja⁵ d’Argentine, le cœur sur la main, j’ai compris, en revenant huit ans plus tard, que ta terre n’est pas un lieu anodin : c’est une écharde plantée dans la mémoire.
Entre sanatorios et backrooms c’est une lettre d’amour et de rage. Pour ma mère, mes putxs⁶, pour la ville qui m’a vue naître et m’a expulsée, et pour toutes les folles qui ont trouvé dans la nuit un abri. Parce que s’il y a bien une chose que j’ai apprise, c’est que la vie fleurit aussi dans les marges.

1 Expression familière argentine, à la fois vulgaire et existentielle, qu’on pourrait traduire par « C’est quoi ce bordel ? » ou « Mais qu’est-ce que c’est que ça ? ».
2 Dire que quelqu'un·e est « montada » évoque à la fois une transformation flamboyante et la puissance d'un geste, un acte de résistance et de désir. Maquillage, talons, attitude.
3 Mot du vocabulaire hospitalier argentin, désignant les petits récipients plats en métal ou en plastique utilisés pour uriner ou déféquer au lit (bassin hygiénique en français). Les chatas rappellent les corps immobilisés, les odeurs d’hôpitaux, la dépendance.
4 Antre, boîte de nuit.
5 En argot argentin, « pendeja » signifie littéralement « gamine », mais le mot porte une nuance affectueuse, ironique ou parfois péjorative selon le ton. Dans la bouche d’une « marica » (pédale), il exprime souvent une tendresse lucide envers son soi passé : la jeunesse naïve, inconsciente, pleine d’élan et de vulnérabilité.
6 Folle, pd.
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